— Prends moi dans tes bras
— …
Elle avait posé la tête sur son épaule et avait senti son corps se raidir.
— Fais-moi un câlin, insista-t-elle
— Tu sais bien que je ne peux pas. J’ai consommé tout mon crédit d’amour. Je risque gros. Le mois prochain ?
Elle ne répondit pas et installa un masque triste sur son visage. Celui avec les petits plis aux coins des yeux et les lèvres resserrées vers l’avant pour mâcher la tristesse.
Elle n’acceptait plus ces quotas d’amour qui tuaient la spontanéité, les règles morales, les dix Principes. Elle voulait vivre pleinement, selon son cœur, ses émotions.
Assis sur un banc à quelques mètres d’eux, le musicien prit sa trompette d’une main. Il envoya quelques notes rauques du bout des lèvres, sorte de courte plainte en préambule, avant de se lancer dans le vide. Puis il gonfla les joues et inonda le square de sons chauds, gourmands, sensuels..

Philipp Larsen
UNAYOK Editions
16euros

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